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Vecteur transversal - Normes, savoir et (dés)ordre
(Responsable Lawrence Gasquet)
Comme lors du contrat précédent, la norme continuera à être envisagée comme le résultat d’une construction commune d'acteurs (légaux, sociaux, linguistiques, scientifiques, artistiques, etc.) qui ont à interagir en situation, et qui de facto négocient la définition des événements et des actions humaines. Nous nous questionnerons sur les rapports entre autonomie individuelle et normativité collective, en contextes démocratiques, technocratiques ou autocratiques, en mettant en regard paradigmes occidentaux et paradigmes orientaux, selon des perspectives diachroniques et synchroniques. Il s’agira toujours de repérer la nature des filtres de la pensée normative, et de les analyser pour parvenir à une archéologie, et à une taxonomie du savoir générées par la theoria aussi bien que par la praxis. Le concept de norme, de son respect ou de son absence (anormalité), entraîne dans son sillage une réflexion philosophique profonde sur l'ordre et son contraire : le désordre. Penser est une activité intrinsèquement normative, reposant sur des normes cognitives et linguistiques. Tout·e chercheur·se doit ainsi faire face à la question épistémologique de la classification des savoirs, entre ordre et désordre, ce qui conduit inévitablement à une analyse critique de la communauté de recherche elle-même et de ses évolutions contemporaines.
Nous sommes pleinement conscients que l’idée d’universalité culturelle, qui a sous-tendu la société et les arts occidentaux pendant des siècles, n’est plus tenable. Cette illusion d’universalité repose sur une histoire locale qui a conféré à la culture et aux pratiques artistiques européennes une apparente autosuffisance. L’IETT est ainsi idéalement positionné pour réexaminer la nature hiérarchique de nos canons littéraires et culturels, avec pour ambition de questionner le monde, ses artefacts et ses coutumes. En mettant l’accent sur la circulation diasporique des pratiques, des textes et des imaginaires, nous nous posons également la question du pouvoir, car elle est un des corollaires du savoir. Cette démarche repose sur la volonté de dé-hiérarchiser les catégories du passé afin de n’oublier aucune discipline des savoirs, et sur la nécessité de repenser la constitution de nouveaux corpus scientifiques, dans une perspective élargie. Afin de repenser la production des savoirs, il s’agit de réinventer les interactions entre le monde scientifique et la société civile, en favorisant le partage, la co-construction et la diffusion des connaissances, notamment grâce aux avancées des humanités numériques, en plein essor et sources d’interrogations importantes. Ce vecteur transversal se donne donc pour objet de questionner et de repenser nos représentations en fédérant divers domaines. Il s’agit de les mettre en lumière à travers nos cadres et références, et de réfléchir contre ce qui est devenu si « normal » qu’il n’est plus perçu, contredit ou même pensé - c’est l’objectif même de la théorie du savoir. Décentrer notre perspective afin de tester la normativité de nos paradigmes, exposer la multiplicité des savoirs, se regarder soi-même produire de nouvelles catégories à même de saisir les différentes formes du monde et ses constantes évolutions : ce vecteur transversal questionne la conception que l’humain se fait du monde, et celle qu’il veut donner à voir à ses contemporains.
Mots-clés : Histoire et cultures, histoire des idées ; langage, discours, sens et interprétation ; éthique ; taxinomies et formes du savoir ; épistémologie ; théorie et critique ; normes, valeurs et imaginaires ; marges, subcultures, contrecultures ; institutionnalisation des savoirs et des sciences ; représentation et histoire de la représentation ; processus de canonisation et réécriture.

