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Projet | Retour à/de la terre : circulation des idées et innovations sociales agrialimentaires en temps de crises. Comparaisons Europe-Japon
Co-responsables du projet
- Kenjiro Muramatsu, Université Lyon 3, IETT
- Laurence Granchamp, Université de Strasbourg, LinCs UMR 7069
- Nicolas Baumert, Université Dokkyô (Japon)
- Florence Pinton, AgroParis Tech
Membres de l'IETT participant au projet
- Julien Bouvard, Université Lyon 3, IETT
- Nolwenn Salmon, Université Lyon 3, IETT
Présentation du projet
Ce projet vise à structurer une communauté de chercheurs autour des formes de réinvestissement de la terre “nourricière” dans les pays européens et au Japon, à travers les diverses modalités d’autoproduction et de partenariats producteurs-consommateurs, en tant que réponses aux crises.
A partir d’approches multidisciplinaires (sociologie, philosophie, économie rurale, anthropologie, entre autres) nous nous intéressons aux formes que prennent ces retours à la terre, avec une attention particulière à la place des préoccupations écologiques, aux formes de coopération et de solidarité entre humains et avec le vivant.
Ancré dans des histoires sociales, économiques et des constructions des rapports société-nature différents, des formes d’organisation ou des “innovations” sociales ont vu le jour en Europe et au Japon – certaines présentent des similitudes apparentes (mais parfois seulement apparentes, comme entre les Amaps et les Teikei), d’autres sont des emprunts (importation des AOP au Japon appliqué au Saké)… Des gens et des idées circulent entre les deux espaces, que ce soit des paysans, des militants écologistes de la première heure (Pitteloup, 2019), des conceptions de l’agriculture (ex : Fukuoka) ou des philosophes ou des idées philosophiques : on s’intéresse à ces inspirations réciproques, aux traductions, emprunts, adaptations, comme aux trajectoires de ces innovations sociales.
Si les retours à la terre ont fait l’objet d’un investissement important de la part de la recherche ces derniers temps, il est toutefois une question qui n’est pas particulièrement approfondie par ces recherches, c’est la place de la ville. Retourner à la Terre est associé généralement à quitter la ville pour la campagne, dans une démarche de rupture. Notre attention porte plus particulièrement sur les formes de retour à la terre qui ne se traduisent pas par une rupture ou par une quelconque sorte d’antagonisme entre ville et agriculture. Dans cette perspective, la question des imaginaires – de la ville, de la Terre et de l’agriculture – autant que les traductions concrètes des projets de ceux qui aspirent au retour à la terre fait partie de ce que nous voulons explorer ensemble.
Une autre question qui se pose est celle du retour “de” la Terre, ou du Terrestre comme choisit de le dénommer B. Latour (Où atterrir, 2017). Comment les différentes formes de retour à la terre se relient-elles aux grandes problématiques globales ? sur le mode de l’effondrement et de son anticipation et/ou d’une acceptation de la vulnérabilité et du soin, de la réparation de ce qui est abimé ? Dans quelle mesure les retours “à” la terre ne se heurtent-ils pas au retour “de” la Terre, soit les manifestations des conséquences de l’exploitation du vivant, de la terre et des Autres (humains ou non humains) ? Quels sont les grands principes, la valeurs, les visions du futurs qui guident ces retours à la Terre face au retour de la Terre, entre l’expression d’attachements et la fuite en avant de l’arrachement à la Terre sous la forme du déni ou de la fascination technoscientifique ? L’attachement peut-être à la fois un repli et l’expression de ce qu’il importe de préserver, de protéger, contre les forces destructrices – la question centrale est ici la place de l’Autre, selon que les groupes considérés acceptent de cohabiter sur “leur” territoire, un bout de Terre, ou selon qu’ils adoptent une logique d’exclusion et de rejet.
Attachement et arrachement renvoient à ce que l’anthropologue B. Glowczewski et l’historien C. Laurens désignent par “conflit des existences”, soit le fait qu’à l’épreuve du changement climatique, se révèle “une faille sur laquelle se disputent ceux qui sont encore capables de se dire satisfaits de la terre et ceux qui voudraient la transformer ou l’équiper, voire la quitter” (Glowczewski et Laurens, 2018 : 141).
Telles sont les grandes lignes d’exploration et d’analyse que nous nous sommes fixés.
Dans le cadre de ce projet, nous réaliserons une série de séminaire qui seront réalisés en 2019 et 2020, à la Maison interuniversitaire des sciences de l’homme d’Alsace (MISHA) à Strasbourg et à la Maison franco-japonaise (MFJ) de Tokyo.
L’un des temps forts du projet sera la réalisation d’un colloque international à la MISHA de Strasbourg sur le thème central du projet : Les retours à la terre à l’heure de l'Anthropocène.
Financements
Ce projet a bénéficié du financement de la Maison Interuniversitaire des Sciences de l'Homme - Alsace (MISHA) pour l'année 2019-2020.
Période
2019-2020
Liens utiles
- Carnet de recherche du projet "Retour à/de la terre"