Dans la même rubrique
- Projets en cours
- Projets achevés
Accueil :
- Accueil FR
- Projets de recherche
Projet Bourgeon | CHAINS
« Centering the Humanities Around Investigating the Normalization of Slavery »
Co-responsables du projet
- Florence Labaune-Demeule, Université Jean Moulin Lyon 3, IETT
- Gregory Lee, Université Jean Moulin Lyon 3, IETT
- Sophie Coavoux, Université Jean Moulin Lyon 3, IETT
Présentation globale du projet
Présentation : Le projet CHAINS (Centering the Humanities Around Investigating the Normalization of Slavery), initié en 2019, s’est décliné sous la forme de plusieurs dossiers :
- un dossier de projet Bourgeon, qui a reçu l’approbation du Service Général de la Recherche, en 2019-2020 (financement octroyé 10 000€)
- l’élaboration d’un dossier Pack Ambition Internationale de la Région Rhône-Alpes ; déposé au printemps 2020
- l’élaboration d’un dossier ANR MRSEI, déposé en juillet 2020
Objet de ces dossiers
Si l’esclavage existe depuis des temps immémoriaux, et s’il a affecté de multiples sociétés et civilisations, le projet CHAINS visait à étudier des formes d’esclavage moderne et contemporain, sans oblitérer le passé. Etaient inclus des sujets comme la traite négrière, le commerce triangulaire, la traversée du milieu, mais aussi l’esclavage comme institution, sans oublier toutes les sortes de combats et de luttes conduites au cours de l’histoire moderne et contemporaine. Toutefois, il s’agissait de se focaliser avant tout sur les conséquences des formes d’esclavage ou de travail forcé passé qui sont perceptibles en Europe — et dans ses territoires ultramarins — actuellement, ce qui reposait, entre autres choses, sur les théories postcoloniales, transnationales et décoloniales visant à expliquer la complexité de la colonisation et de la décolonisation.
Ce projet s’articulait autour de 2 vecteurs principaux :
- vecteur 1 : l'esclavage historique : « Mémoire et Héritage »
- vecteur 2 : l’esclavage sexuel et économique du monde contemporain
Fondements théoriques et méthodologiques
Ce projet s’inscrivait dans la lignée des Contemporary Slavery Studies, champ croissant dans les pays anglophones mais encore peu développé en France. Si l’esclavage et le travail forcé sont des sujets fréquemment travaillés par la critique universitaire notamment, le prisme par lequel l’IETT souhaitait traiter ces questions se démarquait des études préalables au sens où nous envisagions de nous focaliser sur les conséquences contemporaines de telles situations, observables dans les sociétés qui nous entourent. Il s’agit d’un point essentiel, à la jonction des études postcoloniales, diasporiques et transculturelles.
Enjeux scientifiques, technologiques, culturels, économiques ou sociétaux
L’esclavage et les commémorations de ce dernier occupent une place privilégiée en France de nos jours, notamment depuis la création du CNMHE (Comité National pour la Mémoire et
l’Histoire de l’Esclavage) en 2005, ou encore avec la création de musées comme l’International Slavery Museum de Liverpool, créé en 2007 au Royaume-Uni. Une ouverture sur la société civile (expositions, spectacles, rédaction de livrets à l’attention des collégiens et lycéens, etc.) était donc un des enjeux de ces dossiers.
Ce projet s’intégrait également tout à fait dans les axes de l’Université de Lyon, notamment « Patrimoine, Mémoire, Evolution », qui reprenait la double visée de ce projet. Ce dernier permettait aussi de mettre en lumière des pratiques répréhensibles au vu du Code du Travail, de rappeler les valeurs universelles de la France (Liberté, Egalité, Fraternité), particulièrement essentielles dans le contexte contemporain, et de rappeler que la République est à la fois un lieu d’accueil et de respect qui doit pouvoir se positionner face aux importants flux migratoires contemporains. Par ailleurs, les préoccupations actuelles concernant les questions de genre étaient, depuis de nombreuses années, au cœur des recherches de l’IETT (Lyon3 étant membre du GIS Institut du genre et des sexualités) : l’actualité en démontrait et en démontre toujours l’intérêt. Ces questions sont indissociables de celles liées à certaines forme d’esclavage.
Originalité
L’originalité du projet reposait sur sa double dimension historique et contemporaine mais aussi sur la transversalité des approches, puisqu’il intégrait à la fois une dimension postcoloniale, décoloniale et transculturelle qui sont l’ADN de l’IETT, mais aussi une dimension qui allie les questions de genre et les questions migratoires caractéristiques de l’ère contemporaine. La dimension diachronique était ainsi étroitement mêlée à la dimension synchronique, autorisant une étude en profondeur de l’esclavage dans le monde contemporain, étude bi-dimensionnelle tournée vers le futur mais fondée sur une analyse des situations passées. En effet, le projet CHAINS visait à étudier les répercussions que l’esclavage et le travail forcé ont sur le monde contemporain qui nous entoure, pour en étudier les multiples ramifications : quelles en sont les pratiques actuelles ; comment ces questions sont-elles liées aux questions de genre ; en quoi les migrations actuelles peuvent-elles favoriser des pratiques esclavagistes ou des contraintes de domination économique ou sexuelle ; quelles relations sont engendrées par des pratiques telles que mariage forcé, déplacements massifs de populations, trafics divers ; en quoi les réfugiés et
exilés en sont-ils les victimes premières ; en quoi les pratiques esclavagistes passées ou actuelles ont-elles des répercussions sur la constitution même de certaines sociétés (métissage, problèmes identitaires, etc.) ? Ces questions ne sont pas exclusivement tournées vers le passé – même si ce point ne saurait être minimisé dans nos travaux– mais elles sont bien en prise sur l’actualité et tournées vers l’avenir, comme le montre par exemple le rapport publié par l’O.I.T. en 2017, « Emploi et questions sociales dans le monde », consacré en partie à l’emploi vulnérable et aux disparités et à l’inégalité de traitement entre les sexes (surreprésentation des femmes dans les emplois vulnérables dans certaines zones géographiques...).
Apport à la connaissance
Peu d’études actuelles proposent de combiner ces approches multiples, d’autant qu’une telle analyse permettait aussi d’intégrer des travaux transdisciplinaires, faisant intervenir historiens, sociologues, philosophes, mais aussi spécialistes des organisations internationales, des ONG, etc.
Avancées / résultats
Les multiples contacts européens et internationaux noués à l’occasion des workshops dans le cadre du projet Bourgeon avaient permis de fédérer des chercheurs de plusieurs universités européennes (2 en Belgique, 1 à Chypre, 1 au Royaume-Uni, 1 en Suède), auxquelles avait accepté se joindre le Musée International de l’esclavage de Liverpool. D’autres réseaux internationaux semblaient intéressés.
Malheureusement, les projets Pack Ambition internationale et ANR-MRSEI n’ont pas été retenus, ce qui a mis de facto un terme à une entreprise pourtant prometteuse et déjà bien
engagée. Au-delà, un projet européen était envisagé.
Période
2019-2020