Dans la même rubrique
Accueil :
- Recherche,
Axe 2 - Écologie, économie, technologie
Vecteur 2 : Écologie, économie, technologie
Ce vecteur s’inscrit dans la continuité du vecteur transversal du précédent de recherche actuel intitulé « Bien-être, écologie et société technicienne ». L’objectif général de ce vecteur est de favoriser les recherches consacrées aux relations entre les communautés humaines et le vivant non-humain (individus, espèces, paysages, biosphère…) ainsi qu’aux multiples représentations de ces relations. Il s’agira notamment de s’interroger quant à la persistance du point de vue anthropocentriste (vision de l’espèce humaine comme entité fondamentalement distincte du reste du vivant) à travers la perpétuation de la modernité technoscientifique, qu’elle soit réflexive ou non (Ulrich Beck). D’autre part, nous analyserons les diverses tentatives de décentrement, du point de vue humain (écocentristes, biocentristes ou autres) en nous intéressant par exemple aux divergences et convergences entre le souci de préservation de la biodiversité et les mouvements en faveur des droits des animaux ou de la libération animale. Le développement de nouveaux courants critiques, tels que l’écocritique et la zoocritique, ou encore l’écopoétique, les Green Studies et les Animal Studies, ont achevé de renouveler les notions et les concepts afin de penser les enjeux et les défis qui se posent de façon toujours plus pressante. La question de l’anthropocène, cette nouvelle ère dans laquelle l’humanité serait devenue la principale force géologique planétaire, objet d’un colloque important en 2018 et de la publication d’un numéro de la revue Transtext(e)sTranscultures, devra nécessairement être explorée. De plus en plus souvent débattue en sciences du vivant et en sciences sociales, la notion d’anthropocène sera abordée de manière critique et sous un angle transdisciplinaire. En s’interrogeant sur les origines et les acteurs de ce phénomène, il sera possible d’apporter des contributions aux discussions académiques autour du capitalocène, de l’homogénocène et de la justice climatique. La mise en avant de la notion d’anthropocène pourra aussi être étudiée comme un outil politique de justification de la poursuite de la tentative cartésienne de maîtrise du vivant par des moyens encore plus puissants et radicaux que naguère (géo-ingénierie, forçage génétique…). Il faudra aussi réfléchir aux répercussions de cette notion sur les environnementalismes politiques, et notamment sur la définition des entités qu’ils cherchent à préserver. Si l’ubiquité de l’influence humaine est avérée, quid de la distinction moderne entre humain et non humain ? Il serait donc fructueux de se demander, à la suite de Timothy Morton, si l’écologie gagnerait à se dépouiller de l’idée de « nature » ou si, au contraire, la reconnaissance d’un extérieur radicalement distinct de l’humain demeure encore fondée. Ce vecteur invite également à une poursuite des réflexions autour du statut de la technique, perçue tantôt comme la matrice des urgences environnementales, tantôt comme l’unique planche de salut de l’humanité moderne. En gardant à l’esprit le diagnostic de Jacques Ellul au sujet de l’ambivalence fondamentale du système technicien et de son imprévisibilité constitutive, on pourra analyser les discours relatifs à la technique et ses représentations. Les travaux de recherche menés lors du contrat en cours relatifs à la représentation et l’idéologie (« la valeur ») du travail sont également imbriqués avec une réflexion sur l’anthropocène et les modifications climatiques qui en découlent. Ils constitueront un élément clé du nouveau contrat. Dans nos sociétés contemporaines, le travail ne renvoie pas uniquement à l’aliénation de l’existence humaine (Rensi), mais, en symbiose avec nos pratiques de consommation, impacte grandement l’environnement et le changement climatique (Gorz). Ainsi, l’écologie, l’économie et la technologie ne peuvent être pensées sans renvoyer à la notion de « travail » Aujourd’hui, pour parler d'une nature sans hommes, de nombreux écrivains et cinéastes ont recours au schème post-apocalyptique ou préhistorique qui témoigne du désir de raconter des histoires qui se déroulent avant ou après l'humanité. À ce titre, la science-fiction, dans toutes ses déclinaisons (littérature, cinéma, TV et séries numériques…) en est un dispositif privilégié. D’autres cherchent à « réenchanter » le monde (Benjamin) par le biais d’une poétique débarrassée de tout élan dominateur ou colonial, mais une telle entreprise ne risque-t-elle pas de re-sacraliser la nature, ce que l’on reproche souvent à une certaine tradition romantique ? Grâce à la richesse et la diversité des compétences linguistiques des membres de l’institut, on donnera aussi à faire entendre et connaître des voix et des pratiques nouvelles et marginales, mais pourtant concernées en premier lieu par la crise environnementale. Enfin, ce vecteur doit permettre la mise en lumière des intersections de plus en plus nombreuses entre la cause environnementaliste au sens large et un foisonnement de mouvements sociaux dédiés à la promotion de l’égalité entre les individus, et entre les groupes sociaux. Quelles sont les implications de la notion d’intersectionnalité pour les divers courants de la pensée et de la militance environnementalistes ? Pour y répondre, on pourra étudier la question de la justice environnementale, à travers l’examen des tentatives visant à concilier protection de l’environnement, défense des travailleurs et des personnes les plus vulnérables sur le plan matériel, souci de l’égalité entre les femmes et les hommes et empowerment de groupes minoritaires. En somme, l’axe « écologie, économie, technologie » propose d’explorer les stratégies de création, de résistance, et de réflexion à un moment où la crise environnementale est devenue un paradigme majeur de l’ordre épistémologique.
Mots-clés : écologie, économie, technologie, science, environnementalisme, anthropocène, nature, écocritique, science fiction, transdisciplinarité.
Vector 2: Ecology, Economy, Technology
This vector continues and develops much of the research agenda of the current contract's overarching vector "'Well-being, ecology and technological society." A principal objective is to promote studies of the relationships between human communities and non-human living beings (individuals, species, landscapes, the biosphere) as well as of the multiple representations of these relationships. This will include questioning the persistence of the anthropocentric perspective (the vision of the human species as an entity fundamentally distinct from the rest of the living) through the perpetuation of techno-scientific modernity, whether reflexive or not (Ulrich Beck). In addition, we shall analyse the various attempts at decentering the human point of view (ecocentrist, biocentrist, or other) by looking for example at the divergences and convergences between concern for the preservation of biodiversity and movements for animal rights or animal liberation. The development of new critical currents, such as ecocriticism and zoocriticism, or ecopoetics, green studies, and animal studies, have completed the renewal of notions and concepts in order to think about the issues and challenges that arise today more and more urgently.
The issue of the Anthropocene, around which a major conference took place at the IETT in 2018, will continue to be a central research preoccupation of the unit. This new era in which humanity has become the main geological force of the planet, increasingly debated in life sciences and social sciences, the notion of Anthropocene will be approached critically and in a transdisciplinary manner. By questioning the origins and the actors of this phenomenon, we will try to offer contributions to the academic discussion about the Capitalocene, the Homogenocene, and climate justice. The highlighting of the notion of Anthropocene can also be studied as a political strategy to justify the continuation of the Cartesian attempt to control the living by means even more powerful and radical than before (geo-engineering, genetic forcing...). It will also be necessary to think about the repercussions of this concept on political environmentalisms, and in particular on the definition of the entities that environmentalists seek to preserve. If the ubiquity of human influence is proven, what about the modern distinction between human and non-human? It would therefore be fruitful to ask, following Timothy Morton, whether ecology would benefit from abandoning the idea of “nature” or if, on the contrary, recognizing an outside radically distinct from the human still makes the most sense.
This vector will also further investigate the technical/technological, sometimes seen as the matrix of environmental emergencies, and sometimes as a lifeline for modern humanity. By bearing in mind Jacques Ellul’s diagnosis of the fundamental ambivalence of the technical/technological system ("système technicien") and its constitutive unpredictability, we shall analyse the discourses relating to technology and its representations.
The research conducted in the current contract on the representation and the ideology ("the value") of work is also central to discussions on the Anthropocene and resultant climate change, and will form a key focus during the life of the new contract. Modern- day work not merely represents an alienating distortion of humanity's existence (Rensi), it now also has a major impact, alongside consumption practices, on our environment and on climate change (Gorz). The representation of "work" is thus strongly intertwined in the questions of ecology, economy and technology.
Today, to speak of a nature without humans, many writers and filmmakers use the post- apocalyptic or prehistoric schemes that reveal the desire to tell stories that unfold before or after humanity. In this respect, science fiction, in all its dimensions (literature, cinema, TV and web series...) is a privileged device. Others seek to "re-enchant" the world (Benjamin) through a poetic order rid of any domineering or colonial drive; but does not such a venture risk to re-sanctify nature, as a certain Romantic tradition was often criticized for doing?
Finally, this vector will highlight the growing number of intersections between the environmentalist cause in the broad sense and a proliferation of social movements dedicated to the promotion of equality between individuals and between social groups. What are the implications of the notion of “intersectionality” for the various currents of environmentalist thought and militancy? To answer this question, we shall investigate the question of environmental justice, by examining attempts to reconcile environmental protection, the defense of workers and the most materially vulnerable people, concern for the environment, equality between women and men, and the empowerment of minority groups. In short, the vector “ecology, economy, technology” proposes to explore various strategies of creation, resistance, and reflection at a time when the environmental crisis has become a major paradigm within the epistemological order.
Keywords: ecology, economics, technology, science, environmentalism, Anthropocene, nature, ecocriticism, science fiction, transdisciplinarity
- Vecteur 2 - Ecologie, économie, technologie : Gwennaël Gaffric (gwennael.gaffric1@univ-lyon3.fr)