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(Responsable Pierre-Antoine Pellerin)
Dans le prolongement des réflexions engagées ces cinq dernières années au sein de l’axe « genre et sexualités », il semble pertinent de poursuivre et de renouveler les recherches de l’unité autour de nouvelles perspectives. Tout d’abord, il apparaît nécessaire de formaliser une réflexion intersectionnelle qui permettrait d’explorer la question des représentations genrées et des pratiques sexuelles en lien avec les questions de classe sociale, d’origine ethnique et de tranche d’âges, mais aussi de handicap ou de religion. Le prisme de l’intersectionnalité permettrait d’ouvrir de nouveaux paradigmes et de raffiner notre compréhension des phénomènes d’exclusions et de discriminations.
L’essor de nouvelles technologies numériques, des médias sociaux et de l’intelligence artificielle affecte également profondément les représentations genrées et le rapport à la sexualité. L’analyse des risques (discriminations algorithmiques, préjugés de genre dans les applications d’intelligence artificielle ou sous-représentation des femmes parmi les ingénieurs informatiques par exemple) et des potentiels (nouveaux moyens de promouvoir l’égalité femmes/hommes, nouveaux formats et lieux pour le féminisme) de ces technologies dans la reproduction et la déconstruction des normes de genre représente un vecteur riche et porteur qu’il s’agirait d’explorer.
Enfin, dans le contexte de l’attaque en règle dont les études de genre et la pensée féministe font l’objet ici et là dans le monde, ainsi que des risques de restrictions des libertés scientifiques des chercheurs et chercheuses sur ces questions aux États-Unis, il apparaît urgent d’analyser la façon dont le pouvoir politique instrumentalise ces questions scientifiques afin de capitaliser sur un rejet d’une pensée dite « woke » alimentée par des médias ultraconservateurs. Si la pensée des chercheuses et des chercheurs est menacée, les corps de femmes et des hommes font l’objet d’une réappropriation (lois et décisions juridiques sur l’accès à l’avortement et la discrimination positive, aides supprimées de USAID dans la lutte contre le SIDA dans certains pays en développement) tout aussi inquiétante.
Les points soulevés proposent de nombreuses convergences avec les autres axes, à même de faire émerger de fructueuses synergies.
Mots-clés : féminités, masculinités, LGBTQI ; épistémologie/ historiographie des féminismes et du genre ; discrimination de genre, vss, misogynie ; sexualité, hétéronormativité, homophobie ; famille, enfance, filiation ; réception genrée des produits culturels ; intersectionnalité

