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AMI SHS | DemoCIS | 2025-
Démocraties, citoyenneté et institutions face aux transformations des espaces publics
Membres de l'IETT participant au projet
- Stéphanie Bory, Université Lyon 3 Jean Moulin, IETT
- Jon Delogu, Université Lyon 3 Jean Moulin, IETT
- Sibylle Goepper, Université Lyon 3 Jean Moulin, IETT
- Steven Sarson, Université Lyon 3 Jean Moulin, IETT
Établissements membres du consortium
- Université de Lille (porteur)
- Université Lyon 3
- CY Cergy Paris Université
- Université Grenoble Alpes
- IEP de Lille
- IEP de Grenoble
- IEP de Saint-Germain-en-Laye
- Institut Mines Télécom
- CNRS
- Inria
Présentation globale du projet
Le projet DEMOCIS porté par l'Université de Lille, est l’un des six lauréats du dispositif « Programmes de recherche en sciences humaines et sociales » de France 2030, porté par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche. Avec un financement de 9 millions d’euros, DEMOCIS s’attaque aux défis majeurs auxquels nos démocraties font face aujourd’hui : montée de l’abstention, défiance envers les institutions, polarisation sociale, et désordres informationnels. Il ambitionne de répondre à ces enjeux par des approches interdisciplinaires, intégrant innovation démocratique, exploration des nouveaux espaces de citoyenneté, lutte contre la polarisation et renforcement de l’État de droit.
L'université Jean Moulin Lyon 3 participe à ce projet qui repose sur 4 défis.
Défi 1 - Répondre à la crise institutionnelle par l’innovation démocratique : fabrique de la décision, délibération et évolution de l’espace public institutionnel
Coordination : Sandrine Lévêque (Sciences Po Lille) et Élise Untermaier-Kerléo (Université Lyon 3)
Les institutions démocratiques ne cessent d’innover pour répondre, avec plus ou moins de succès, à une double crise de la démocratie représentative. D’un côté, le fossé réel et ressenti entre les élites et les citoyens est de plus en plus important, ce que traduit la diffusion de l’abstention, de l’intermittence et de la volatilité électorale, d’un sentiment de défiance à l’égard des décideurs et d’une croyance dans l’illégitimité ou dans l’inefficacité des institutions démocratiques. D’un autre côté, les processus de décision se transforment (fragmentation, complexification…) à la faveur d’évolutions institutionnelles ou technologiques et de crises économiques, environnementales ou sécuritaires. Cette complexification crée de la défiance à l’égard des autorités politiques et des savoirs institués. Le défi 1 propose d’explorer et mettre à l’épreuve les réponses susceptibles d’être apportées à la crise de la démocratie représentative.
Le défi 1 se décline en trois sous-défis, chacun coordonné par des binômes représentants des universités partenaires :
- Délibération, rhétorique et fabrique de la décision en contexte de crise (Sami Makki, Sciences Po Lille, et Mickaël Cozik, Université Lyon 3)
- Éthique de la vie publique et confiance citoyenne (Tristan Haute, Université de Lille, et Thomas Boccon-Gibod, Université Grenoble Alpes)
- Innovation démocratique et réforme institutionnelle (Sandrine Lévêque et Jean-Philippe Derosier, Sciences Po Lille/Université de Lille, et Adrien Monat, Sciences Po Saint-Germain-en-Laye)
Défi 2 - Repenser les lieux et formes d’expression de la citoyenneté. Citoyenneté ordinaire et nouveaux espaces de la démocratie.
Coordination : Marion Carrel (Université de Lille) et Frédéric Gonthier (Sciences Po Grenoble, Université Grenoble-Alpes).
Bien que la tension entre les formes ordinaires et institutionnalisées de participation politique soit structurelle, le décalage grandissant entre le fonctionnement des gouvernements représentatifs et les attentes citoyennes interroge le devenir des démocraties contemporaines. Pour certain·es, la défiance envers les institutions creuserait la distance au politique et nourrirait le soutien à des régimes autoritaires et gérés par des experts. Pour d'autres, les citoyen·nes, notamment cantonné·es aux marges et aux engagements discrets, aspireraient à prendre davantage part à la fabrique des choix publics en faisant valoir l'effectivité de leurs droits ou en en revendiquant de nouveaux.
La question de savoir dans quelle mesure la transformation des rapports que les citoyen·nes entretiennent avec les institutions contribue à la déconsolidation ou au contraire à la revitalisation démocratiques, est au croisement des différentes disciplines réunies dans ce défi. Pour y répondre, nous proposons un éclairage pluridisciplinaire, en croisement des savoirs et comparatif sur la façon dont la démocratie se fait, se défait et se refait à travers les formes de citoyenneté ordinaire. L’analyse sera attentive, à différentes périodes de l’histoire, aux dynamiques d'exclusion, de discrimination ou de mise à distance de certaines catégories de la population du jeu démocratique. En contrepoint de l'éclairage top-down du défi 1, cette perspective bottom-up a vocation à nourrir des recherches actions opérationnelles accompagnant des logiques d'organisation démocratique plus inclusives.
Le défi s’organise autour de quatre actions : (1) Baromètre de la démocratie. Conceptions ordinaires (2) Croisement des savoirs sur l’inclusion démocratique (3) Laboratoire des initiatives citoyennes du passé (4) Démocratie, pratiques artistiques et médiations culturelles (5) Démocratie sanitaire.
Défi 3 - Agir contre la polarisation des sociétés et le désordre informationnel : transmission de l’information et des connaissances
La diffusion involontaire (mésinformation) ou intentionnelle (désinformation) d’informations fausses, ainsi que la malinformation (diffusion à des fins malveillantes de contenus qui se fondent sur la réalité), constituent, aux côtés des bulles de filtre (Pariser, 2011), des chambres d’écho ou des bulles épistémiques (Nguyen, 2020), ce que le Conseil de l’Europe définit comme des désordres informationnels (Wardle et Derakhshan, 2017). Ces phénomènes, dont certains résultent de biais algorithmiques et de biais socio-cognitifs inconscients, d’autres relèvent de stratégies concertées d’acteurs poursuivant des objectifs de propagande (Voirol, 2017 ; Bennett & Livingstone, 2018) sont considérés comme un risque mondial majeur. Ils menacent la cohésion démocratique, renforcent la polarisation et affaiblissent la participation citoyenne (Clawson, 2021), posant ainsi un risque majeur pour nos sociétés (Vīķe-Freiberga et al., 2013 ; Hunter, 2023). Les recherches ont mis en lumière comment les médias contribuent à la polarisation du débat public, et comment le web, les réseaux sociaux et les producteurs d’information redéfinissent les modes de production et de diffusion en modifiant le « régime médiatique » (Cesarini et al., 2024). Mais examiner ces phénomènes sous l’angle du seul développement des réseaux socio-numériques, de l’intelligence artificielle ou des logiques algorithmiques dans les industries du discours fait courir le risque d’en proposer des explications technocentrées voire déterministes. Les recherches récentes identifient en effet plusieurs dimensions des désordres informationnels. La première est le contexte historique et sociopolitique dans lequel se déploie l’information : les transformations des espaces publics, la perte de confiance dans les institutions, et les inégalités sociales rendent certaines populations vulnérables (Macedo-Rouet, 2022 ; Pennycook, 2021 ; Ronzani et al., 2024 ; Zilinsky et al., 2024), et ce d’autant plus dans une société valorisant la “singularité” (Reckwitz 2021).
En adoptant des approches méthodologiques complémentaires combinant enquêtes quantitatives à grande échelle, recherche participative et enquêtes de terrain, en combinant les approches de la sociologie, de la sémiologie, de l’analyse du discours et de l’analyse historique avec une approche écosystémique intégrée, le Défi 3 vise à éclairer ces phénomènes complexes et ainsi renforcer la résilience démocratique.
Sur une période de trois ans, dans un premier temps, notre objectif est de comprendre et de modéliser les mécanismes des systèmes de désordre informationnel, de développer des modèles analytiques pour détecter les risques systémiques et d’évaluer l’efficacité des solutions et contre-mesures existantes pour freiner la diffusion des désordres informationnels et les risques associés de polarisation de l’opinion et des groupes sociaux. Ce programme sera mis en œuvre à travers trois sous-défis :
- Sous-défi 3.1 Dynamiques écosystémiques du (dés)ordre informationnel
- Sous-défi 3.2 Détection des risques systémiques et développement d’indicateurs et d’outils de suivi
- Sous-défi 3.3 Evaluation et proposition de contre-mesures au désordre informationnel.
Défi 4 - Renforcer les démocraties menacées : conflits et insécurités démocratiques au prisme de l’Etat de droit
Coord. Renaud Epstein (IEP Saint-Germain – CYU) et Julien Talpin (Ceraps/Univ. Lille)
Le Défi 4 porte sur les attaques visant les démocraties (terrorisme, cyberattaques, menaces hybrides, attaques sur l’Etat de droit et restrictions des libertés publiques, etc.) et les conflictualités qui en perturbent le fonctionnement à différentes échelles. Il interrogera les réponses institutionnelles et citoyennes à ces phénomènes, en analysant les dispositifs politiques, juridiques, technologiques et sociaux mis en place face à ces menaces. Il servira de cadre à l’expérimentation d’actions visant à alimenter les réflexions et les débats des acteurs publics et de la société sur ces menaces et leur prise en charge.
La démocratie est aujourd’hui ouvertement attaquée. Le terrorisme et les opérations d’influence et d’ingérence numériques de puissances étrangères contribuent à la « déconsolidation démocratique » de gouvernements représentatifs. A ces menaces externes s’ajoutent une fragilisation interne des institutions démocratiques, liée à la polarisation des sociétés.
Les mesures prises en réaction à ces menaces ont contribué à une restriction des libertés publiques et à des attaques contre l’État de droit. La restriction des libertés fondamentales et la fermeture des opportunités démocratiques se sont traduites par une augmentation de la conflictualité sociale, avec des mouvements sociaux touchés par une répression violente et menacés de criminalisation. Des dispositifs et des lois pensés pour résister à une menace extérieure sont désormais mobilisés pour réguler les conflits internes que la démocratie ne parvient plus à gérer, générant une spirale qui fragilise la démocratie elle-même.
Le Défi 4 a pour objectif d’analyser ces menaces d’un point de vue comparé, de documenter les réponses apportées par les institutions et les citoyens, et d’expérimenter avec la société civile et les pouvoirs publics des recherche-actions permettant de mieux réguler ces conflits afin de permettre une gouvernance démocratique garante des libertés fondamentales.
Dans cette perspective, les travaux s’organiseront autour de deux sous-défis portant sur les attaques externes (terrorisme, violences politiques et menaces hybrides) visant les démocraties (4.1) et sur les défis internes (illibéralismes, attaques sur l’état de droit et les libertés publiques) (4.2) ainsi que les réponses apportées à ces enjeux.
Projet de Stéphanie Bory, Université Jean Moulin Lyon 3 (IETT)
Défi 2 – Sous-défis 1 & 2 : « L’innovation démocratique et les nouveaux espaces de la démocratie »
Volet scientifique
Depuis la mise en place de la dévolution au Royaume-Uni en 1998 par le gouvernement dirigé par Tony Blair, le pays de Galles est devenu un nouvel espace de démocratie puisque, tout en étant une unité constitutive de l’état britannique, il est à présent doté d’un Parlement autorisé à voter ses propres lois dans une liste de domaines dévolus. Depuis sa mise en place, cette nouvelle institution a souhaité proposer une nouvelle forme de démocratie, davantage participative, en comparaison de la tradition britannique d’un pouvoir fortement centralisé. Elle a donc multiplié les consultations publiques, premières étapes avant la rédaction de projets de loi majeurs – ainsi la loi sur le bien-être des générations futures, « Well-being of Future Generations Act », adoptée en 2015 – et s’est ouvert à la société civile. Pour autant, il a régulièrement été reproché au gouvernement gallois de n’utiliser cet outil démocratique qu’afin de gagner du temps, et de ne finalement produire que des documents très génériques et théoriques, et non des plans d’action clairs.
Il conviendrait donc d’étudier plus en détail cette innovation démocratique, en s’interrogeant sur son intérêt, ses modalités, son impact sur la législation adoptée ensuite, et sur l’accueil auprès des citoyens. En effet, certaines de ces consultations ont été menées par des commissions nommées par le gouvernement ou le parlement gallois, quand d’autres l’ont été par des organismes indépendants partenaires des institutions.
Le pays de Galles est une entité politique de taille modeste, dont l’étude peut être riche d’enseignement pour des entités plus grandes, comme la France. D’autant plus que les gouvernements qui se sont succédé ces dernières années ont aussi été enclins à mettre en place, tout du moins, promouvoir une nouvelle forme de démocratie participative par le biais de conventions citoyennes.Depuis la mise en place de la dévolution au Royaume-Uni en 1998 par le gouvernement dirigé par Tony Blair, le pays de Galles est devenu un nouvel espace de démocratie puisque, tout en étant une unité constitutive de l’état britannique, il est à présent doté d’un Parlement autorisé à voter ses propres lois dans une liste de domaines dévolus. Depuis sa mise en place, cette nouvelle institution a souhaité proposer une nouvelle forme de démocratie, davantage participative, en comparaison de la tradition britannique d’un pouvoir fortement centralisé. Elle a donc multiplié les consultations publiques, premières étapes avant la rédaction de projets de loi majeurs – ainsi la loi sur le bien-être des générations futures, « Well-being of Future Generations Act », adoptée en 2015 – et s’est ouvert à la société civile. Pour autant, il a régulièrement été reproché au gouvernement gallois de n’utiliser cet outil démocratique qu’afin de gagner du temps, et de ne finalement produire que des documents très génériques et théoriques, et non des plans d’action clairs.
Il conviendrait donc d’étudier plus en détail cette innovation démocratique, en s’interrogeant sur son intérêt, ses modalités, son impact sur la législation adoptée ensuite, et sur l’accueil auprès des citoyens. En effet, certaines de ces consultations ont été menées par des commissions nommées par le gouvernement ou le parlement gallois, quand d’autres l’ont été par des organismes indépendants partenaires des institutions.
Le pays de Galles est une entité politique de taille modeste, dont l’étude peut être riche d’enseignement pour des entités plus grandes, comme la France. D’autant plus que les gouvernements qui se sont succédé ces dernières années ont aussi été enclins à mettre en place, tout du moins, promouvoir une nouvelle forme de démocratie participative par le biais de conventions citoyennes.
Partenaires potentiels
Il pourrait être intéressant de collaborer avec le Wales Governance Centre, rattaché à l’Université de Cardiff et dirigé par le Professeur Richard Wyn Jones.
https://www.cardiff.ac.uk/wales-governance-centre/about-us :
“The Centre was established in 1999 in response to the creation of the National Assembly for Wales and its related devolved institutions to fully engage with the new system of government.
We're a research unit sponsored and supported by the School of Law and Politics.”
Ce centre de recherche est régulièrement sollicité par le gouvernement gallois pour proposer des études sur plusieurs sujets en lien avec les modes de gouvernance. Il a signé un partenariat avec le Parlement.
Autre piste : Institute of Welsh Affairs, organisme indépendant, qui étudie également l’action des institutions galloises, organise des tables rondes et des consultations. L’objectif de cet institut est « d’améliorer l’éducation politique et la démocratie au pays de Galles » (www.iwa.wales).
Pistes de recherche
Recenser les consultations publiques menées depuis 1999, année de la première mandature, et étudier leurs modalités et impact.
Mener une action de terrain pour connaître le retour et l’opinion des citoyens.
Rédiger des conclusions et tirer des enseignements en vue d’une étude comparative avec les actions menées par les gouvernements français.
Période
Programme en cours depuis 2025